Ah ! qu'ils étaient heureux les enfants dans la plaine,
Défrichant, labourant, l'abreuvant de leur peine.
Et de rentrer le soir au crépuscule tombant,
La pioche sur l'épaule, le sourire apaisant.

Ah ! qu'ils étaient heureux les enfants dans la plaine,
Sur le chemin qui mène à la chaumière lointaine,
En pensant au bon feu, à la douce tiédeur
Du foyer familial. Doux instants de bonheur.

La grand-mère sur le seuil, les regardait venir
Avec leurs grands chapeaux balançant à leurs mains.
Sur Grisa, la jument, toute harnachée des cuirs,
Le plus jeune précédait en chantant un refrain.

Les grelots cadençaient le refrain tant aimé,
De ces jeunes de la terre, tiges nouvelles de la vie.
La moisson, sera belle ! Frissonnants de fìerté,
Ils regardaient les champs, ils pensaient aux épis.

Les poules caquetaient sur un grand tas de paille,
Entre les porcs grognons et le mulet boiteux.
Des perdreaux audacieux fréquentaient la volaille,
Tandis que les pies fuyaient, en de vols gracieux.

Ah ! qu'ils étaient heureux les enfants dans la plaine,
Quand les blés jaillissant en vagues mordorées,
Tombaient sous leurs faucilles aux grands éclairs d'acier.

Mais le feu a détruit la souriante chaumière,
Le bétail a péri... et les champs... Quelle misère !
Ah ! qu'ils sont malheureux les enfants sans la plaine.


Poème de G. Galunaud
paru dans L'Echo de Saïda du 22 février 1957

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