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Enfin le dernier jour de classe, plus de
devoirs, plus de "colles", plus de coups de règles sur
les doigts ou sur les fesses; c'est avec bonheur que les projets s'ébauchent
sur le chemin de la maison. Le quartier de la gare se donne rendez-vous,
dès le lendemain, à l'angle de l'avenue Gambetta et de la
rue Schenk. On ira, bien sur, à la piscine dès 9h du matin,
en groupe pour resquiller plus facilement à l'entrée. Les
filles entraîneront les garçons car ils seront bien occupés
à préparer leurs cannes à pêche ou, à
chercher quelques trésors dans les grottes du "Vieux Saïda".
Mais l'événement le plus important, celui qui occupe toutes
nos pensées avant tout le reste et qui a lieu immanquablement dès
la fin des classes; c'est la kermesse du patronage. Une kermesse organisée par nos aînés dans la grande cour de l'école Félix Faure. Nous sommes tous très fiers d'aider à l'installation des stands; ici le jeu de massacre, là le tir à la carabine, la loterie, sans oublier le bar et l'estrade pour l'orchestre. Après plusieurs heures de dur labeur, ponctuées de rires et de blagues, il ne manque pas une seule guirlande ni une fleur en papier crépon. La grande cour de terre battue, écrasée de soleil, accueille enfin les amis en famille ou en bande et dans nos yeux d'adolescents c'est la joie et, dans nos coeurs l'espoir et le désir de moments inoubliables. De stand en stand ce sont rires, interpellations et plaisir de se mesurer, surtout pour les garçons afin d'épater les filles. Au stand qui fait office de poste, les filles et les garçons sont venus retirer un petit numéro qu'ils vont épingler à leurs poitrines et c'est alors que commence le ballet des facteurs remettant au numéro souhaité le petit billet qui fixera le rendez-vous attendu ou l'aveu longtemps caché et enfin écrit à l'élu de son coeur. Le soir arrive déjà et les platanes tout autour de la cour s'illuminent de mille feux, l'orchestre s'accorde et le bal commence avec les parents qui s'élancent pour un tango ou une valse puis viendra le moment de nous essayer aux premiers pas du rock'n roll. Quand les feux s'éteindront, viendra le moment des rêves... Nous en parlerons demain... Rendez-vous dès 9 heures au coin de la rue. Texte de Edith Méréa-Duteil |