Empruntant les sentiers dans les gorges du vieux Saida, sous un soleil de plomb, nous serpentames en file indienne. Il nous fallut presque trois bonnes heures pour parvenir à la ferme. Devant celle-ci, une source alimentait une mare et à notre arrivée nous aperçûmes des femmes musulmanes qui se ravitaillant en eau avec leurs guerbas et vielles casseroles. Les hommes, quant à eux, en cette saison des moissons, étaient occupés à leur besogne. Les femmes, soudain, nous apercevant dans notre tenue qui semblait militaire, jetèrent guerbas et casseroles et s'enfuirent en criant : "Américane ... Américane ..." L'une d'elle, qui était enceinte, accoucha presque sur le champ. Immédiatement les ouvriers, armés de fourches, accoururent et s'élancèrent sur nous tels des indiens. Et je peux dire aujourd'hui que c'est grâce à nos copains musulmans, Djeloul et les autres qui, en parlant arabe, nous évitèrent un mauvais sort. Cela ne nous empêcha pas d'aller chasser. Hélas ... nous revînmes bredouilles mais sains et saufs.
Texte de Antoine Garcia