Franchetti
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Citons d'autres gendarmes: Ducas, Bourrelier, Koenig, Aaron, les gardes-champêtre Costa, suivi du père Andreo; les gardes-forestier Lambert, puis Colombani. Ce dernier avait un cheval magnifique, tout blanc, bien bichonné; lorsque son fils, l'aîné des trois, Vincent, notre "Tino Rossi" local le menait à l'abreuvoir il paradait comme un cheval de cirque, c'était un plaisir de le voir. Ce n'était pas le cas du pauvre cheval de notre facteur rural Philippi, puis Schneider qui devait faire Franchetti Sidi Mimoun et retour, soit 40 kilomètres au moins, en desservant les fermes Barbera, Canal anciennement Martin, Ascensio, Chassaing ferme dite le 50, Seva, Fuster, Delolmo tout là-haut dans la forêt, Lourteg, Pastor, Serrano, Roux... Sidi-Mimoun et retour pour rendre compte au receveur Montagné. Nos instituteurs, maîtres méritants, nous savons ce que nous leur devons, Sarlabousse marié à Marie Carasena, Marie Zivaco devenue Mme. Chauzy, Barthes, Millet, Lamodiére, sévères mais combien efficaces.

Chefs de gare et gardes-barrière sont passés et restés plus ou moins longtemps: Gautier, Siccard, Maine, Toilon, Rico, Federspil, Garcia, Beltran.... Abalaneda et Araes, coiffeurs,
ne faisaient pas partie des fonctionnaires. J'allais oublier un métier qui n'était pas de tout repos, cantonnier communal. Déjà très âgé le père Aurelio devait entretenir tous les canaux du village, fontaines, abreuvoir, lavoir... Ah... Ce lavoir très fréquenté le lundi par nos lavandières, mères et soeurs que nous les jeunes, avions baptisé "tribunal sans malice"; ça discutait ferme au lendemain des bals du dimanche... Notre cantonnier avait la charge d'allumer et de garnir une quinzaine de réverbères fonctionnant au pétrole. Vu son âge il laissa la place au dénommé Mellel, travailleur mais un peu simplet; la rumeur le fit père du bébé qu'enfanta Catherine, une pauvre fille cul de jatte, qui se déplaçait sur les mains, et qui n'a jamais dévoilé le nom de "l'engendreur".

Cette anecdote nous rapproche de l'étiquette "Franchetti, bon village, toujours baptême, jamais mariage" au grand regret de notre curé le père Portet qui aimait bien la 3ème mi-temps; pardon mon Père.
Pardon aussi pour ceux que j'ai pu oublier et merci à toutes les familles citées ainsi qu'à celles que l'on a pu découvrir dans "Saïda Bledi" oeuvre de notre regretté Francis Baylé, ou dans le ''Mémorial de Saïda'' de notre cher ami Henri Pérez, et dernièrement dans l'article de ''l'Écho d'Oran", historique écrit par Georges Favier et remémoré par Ernest Epplin, notre Titi; pourquoi son père m'a toujours appelé "souris"? Oui, merci encore pour nous avoir inculqué un mode de vie qui fait notre bonheur et notre honneur et dont nous serons toujours fiers.


Texte de Jeannot Ruiz

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