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La
célébration du 19 mars est inacceptable pour la mémoire de nos morts. Les
accords d'Evian, et notamment ce prétendu cessez-le- feu, ayant provoqué
l'assassinat délibéré de dizaines de milliers de nos amis et compagnons
d'armes (voir la presse de l'époque, par exemple "Le Monde" du 13 novembre
1962, J. Lacouture). ll serait scandaleux de célébrer un tel anniversaire
en oubliant le sacrifice de ces hommes qui étaient Français à l'époque.
Célébrer le 19 mars signifie célébrer l'abandon de nos amis et l'indifférence
à leur sort tragique. Nous ne pouvons pas l'accepter car le drame de ces
hommes fait historiquement partie de la guerre d'Algérie. La Nation ne peut
oublier les milliers de morts civils ou militaires: pieds-noirs, musulmans
fidèles, gendarmes, harkis, policiers, appelés... massacrés dans
des conditions abominables après le 19 mars 1962 et, surtout, après l'indépendance.
Pour la première fois, le nombre de morts français de toutes origines,
après le cessez-le-feu, est plus important que durant les combats. Le 19 mars est une date qui nous insulte. Le Président de la République, premier magistrat et chef des armées, affirme Ie 24 septembre 1981: "Au niveau du pays, une date devra être choisie qui ne pourra pas s'ajouter aux fêtes nationales au même plan que Ie 11 Novembre, Ie 8 Mai, la célébration du Souvenir de Ia Déportation, mais qui marquera Ie recueillement national. Cela ne pourra pas être le 19 mars". Le sacrifice de nos camarades morts pour la France en Algérie tendait vers autre chose que ce qui a été signé à Evian. Tous ceux qui sont tombés dans les djebels ont fait le sacrifice de leur vie parce qu'ils avaient le sentiment de servir leur pays et de permettre à la population d'Algérie de se développer harmonieusement dans un cadre français; c'est-à-dire un Etat de Droit. Le texte même du cessez-le-feu nous déniait la qualité de combattant: dans l'article 3, iI est stipulé que les forces du FLN sont considérées comme des forces combattantes, alors que, dans I'article 4 on cite simplement des forces françaises... ce qui se passe de commentaire. Jamais, dans notre Histoire, on a célébré un cessez-le-feu fondé sur un échec diplomatique. La tradition, en France, est de célébrer des victoires ou des actes exemplaires de bravoure. Le cessez-le-feu de 1871, prévoyant Ia perte de I'Alsace et de Ia Lorraine, n'a jamais été célébré par personne. Celui de juin 1940 non plus. Pourquoi veut-on insulter Ies combattants d'AFN qui, sur Ie terrain, avaient remporté une victoire militaire, en rappelant le souvenir de la capitulation diplomatique d'Evian? Notre Guerre d'Algérie n'a pas été faite contre les Algériens. Ceux qui célèbrent ce cessez-le-feu veulent en réalité, par ce biais, faire croire que, comme dans Ies guerres mondiales, Ie peuple Français a fait Ia guerre à un autre peuple. C'est le but de la propagande politisée visant à multiplier les rues du "19 mars, fin de la Guerre d'Algérie". De notre côté, dans Ie cadre de la pacification, nous avons rempli des milliers de missions humanitaires, de sorte qu'il est insultant pour nous de Iaisser croire que nous avons fait la guerre au peuple algérien. C'est Ie FLN, et lui seul, que nous avons combattu. Le 29 septembre 1981, M. Jean Laurain, ministre des Anciens Combattants et Victimes de guerre, a réuni 31 associations regroupant Ies Anciens d'AFN. Ces 31 associations (moins deux) se sont opposées au choix du 19 mars comme date d'une quelconque commémoration. Cette date divise le peuple français, insulte son Histoire et ses Combattants. Célébrer Evian, c'est insulter nos camarades musulmans et rapatriés. Que pensent nos amis rapatriés, qui ont tout perdu avec les accords d'Évian? Que pensent les Harkis, de ces "rue du 19 mars", alors que Français ils se sont battus pour la France et que ces accords ont signifié pour certains d'entre eux la mort dans des conditions atroces et, pour d'autres, un exode tragique, manquant trop souvent de chaleur. Article paru dans "La Voix du Combattant" de Février 1995 Publié par l'Echo de Saïda en octobre 1995 |
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