Mon enfance aux cressonnières

Si cela peut éveiller des souvenirs, je dédie cette page de mémoire à ceux qui ont partagé mes jeux d'enfant. J'avais alors une huitaine d'année en 1935-1936 et à Oran, comme tout bon Oranais peut s'en souvenir, nous avions une eau dite potable avec un taux de salinité peu commun, mais aussi avec beaucoup de composants fluorés ce qui nous valait d'avoir une dentition meilleure que dans beaucoup de villes d'Algérie et surtout de France; ce n'est pas moi qui le dit mais d'éminents chirurgiens dentistes arrivés en Algérie après l'armistice qui le soutenaient. Avec mon grand père d'origine andalouse nous allions remplir des bonbonnes aux sources des cressonnières; il s'agissait d'une eau de grande pureté et évidemment douce.

Quelque temps avant, il y avait eu effectivement des cressonnières qui remontaient jusqu'à la rue d'Arzew. L'urbanisme aidant ces cressonnières avaient été abandonnées et ensuite comblées; Tunnel, Résidence Perret, etc ... Avec mes camarades nous avions d'abord le jeu de la glissade, qui consistait à dévaler la pente sur un carton d'emballage, mais j'avais mis au point un autre jeu qui consistait à créer un barrage de cailloux et de boue, une forme de bassin, et de faire naviguer de petits bateaux issus de notre imagination, et propulsés par une hélice de fabrication maison et d'un élastique torsadé. J'avais même fait évoluer un sous-marin dont les ballasts accolés à la coque n'étaient autres que des tubes d'aspirine, remplis de petits gravillons. A la saison nous pouvions aussi en descendant sous la route du port, toujours depuis les cressonnières, cueillir des câpres et il y en avait beaucoup.... C'est simple, parfois, le bonheur !


Texte de Roger Alfonsi

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