Les
Pieds-Noirs
par Marie Cardinal Commentaires de Béatrix Baconnier, Albert Bensoussan, Francine Dessaigne et Janine de la Hogue Editions Belfond |
Quand la Patrie
a eu son compte de drames et de vies, les citoyens retrouvent leur existences
pour le meilleur et pour le pire. Nous les Pieds-Noirs, nous faisions comme
les autres Français; quand la France ne nous mobilisait pas sous
les drapeaux de ses guerres, nous reprenions nos routines. Mais nos routines
étaient lointaines... elles n'étaient pas françaises,
elles étaient algériennes. Si l'histoire de
la vie privée des
Français de France est indissociable de l'Histoire de la France,
pour nous les Pieds-Noirs, l'histoire qui nous est propre s'inscrit d'abord
dans nos histoires. Il existe autant de sortes de Pieds-Noirs que de familles pieds-noirs. Nous étions différents les uns des autres, mais nous avions tous en commun le fait d'être d'ici et d'ailleurs. Même pour ceux, la majorité, qui n'avait jamais voyagé, il existait un coin de terre sacrée quelque part sur l'autre rive de la Méditerranée. Nous étions différents les uns des autres, mais nous vivions ensemble dans une réalité que se partageaient plusieurs religions, plusieurs langues, plusieurs lois,... Même si, à l'origine, nos ancêtres étaient venus de France, d'Espagne, d'Italie, de Grèce,... nous n'avions qu'un seul drapeau et nous en étions fiers; il était bleu, blanc, rouge. Tous, nous avons été élevés et instruits dans sa vénération. Marie Cardinal, romancière, est née à Alger. Elle a notamment publié, chez Grasset; La clé sur la porte, Les mots pour le dire, Le passé empiété, Les grands désordres. |