Trente-cinq ans après l'exode, notre 13éme Rassemblement National se tient pour la troisième fois à Toulouse. Depuis celui de 1989 et encore plus, bien sur, depuis celui de 1979, des centaines de nos concitoyens s'en sont allés, nos rangs se sont clairsemés. Ce vide laissé par nos parents, nos amis aînés disparus, hélas dans la nature des choses, est ressenti plus fortement "ici" que lorsque nous habitions chez nous. Nous vivions groupés tous ensemble à Saïda, Aïn-el-Hadjar, Franchetti, Nazereg, Charrier, Wagram, etc... Les jeunes prenaient naturellement la place de leurs parents, souvent sous le même toit, dans la même école, aux mêmes cercles civil ou amical, fréquentaient la même piscine J. Vidal, les mêmes cafés Lopez ou autres, "jouaient" dans la même AMS ou au même Gaieté Club.

Puis ce fut 1962 et l'éclatement de toute notre communauté, souvent très loin les uns des autres. Des familles entières séparées, des amis perdus de vue. Depuis chacun a "refait son trou", et généralement avec réussite, en s'impliquant le plus possible, après les premières années d'adaptation, à ce nouveau monde, dans la vie professionnelle, associative, culturelle et politique. Chacun s'est "refait" des copains comme il a pu, où il a pu. Mais les vrais amis de là-bas sont restés irremplaçables. Notre rassemblement national permet à notre grande famille saïdéenne dispersée par le vent de l'histoire de se retrouver, tous les deux ans. Sans l'amicale et l'Echo de Saïda, sans ces rencontres commencées il y a plus de vingt ans à Toulon, beaucoup d'amis, peut-être même des parents, ne se seraient sans doute plus revus depuis 35 ans.

Ces retrouvailles se déroulent toujours dans la joie et la bonne humeur. Les rires sonores fusent de tous côtés, les petits malheurs sont oubliés, et si quelques larmes perlent de ça et là, ce sont des larmes de joie, des larmes d'émotion. Souvent des "étrangers" à Saïda, venus en invités à nos rassemblements, sont étonnés de n'y rencontrer, au gré des conversations glanées ça et là, aucune rancoeur, aucune acrimonie, aucun pleur sur le passé, mais seulement du plaisir à évoquer nos souvenirs heureux de là-bas, à échanger nos réussites familiales ou professionnelles et parfois à partager nos peines, le plus souvent par la perte d'un être cher prématurément disparu. Oui, c'est cela le Rassemblement des Saïdéens : la nostalgie joyeuse sans pleurs aigres sur le passé, mais aussi la solidarité dans la peine. En un mot l'Amitié, la Vraie.

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