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Aïn-el-Hadjar, le 6 mai
1994. J'ai l'honneur et le respect de vous prier de bien vouloir insérer dans le prochain journal "Écho de Saïda" l'article ci-dessous, rédigé à la mémoire de tous les Saïdèens qui sont morts et au plaisir et à la joie de ceux qui le lisent. Nichée au fond de la vallée, Saïda respire ce mois-ci un parfum de serpolet et de thym, inondant son marché qui a pris place dans l'ancien quartier appelé "La Marine". Au dessus, les flancs des monts de Saïda ont cette année pluvieuse pris un manteau vert avec le printemps naissant. Certes la ville a pris une ampleur urbaine qui l'a poussée jusqu'aux portes de Nazereg (Rebahia), mais les anciens édifices ont pratiquement tous été conservés, telle la Mairie, avec sa pierre taillée et son toit d'ardoise, la piscine a été rénovée. Bientôt, la ville aura son stade omnisports, mais l'ancien est toujours conservé (nostalgie). A sa sortie sud, car Saïda est appelée la porte du sud, la roche et le relief escarpé empêchent toute construction et surtout sa forêt garde toujours son appellation de "Vieux Saïda", maintenant ainsi son charme campagnard et sa pépinière pour les promeneurs dès que l'hiver s'en va... Y fleurissent encore coquelicots et marguerites; parfois quelques champignons après les orages printaniers que les banlieusards s'évertuent à rechercher. Plus au sud, Ain-el-Hadjar est encore plus radieuse et plus conviviale au printemps, en été, et en automne, ce petit coin de ciel bleu vaut beaucoup plus que toutes les plages du nord en été. Je me rappelle encore tout enfant sa fameuse kermesse qui drainait toute l'Oranie et pour tout l'or de Crésus, je ne voudrais changer de Milly. Certes le béton et ses dalles ont gagné sur la tuile, mais celle-ci reste toujours la reine des foyers car le béton n'est pas humain en été ni même en hiver et les nouvelles normes d'urbanisme ignorent le jardin et la treille qui sont une partie de la vie sans oublier le petit chat. Notre raisin d'arrière saison ferait un excellent cru, mais nos caves ont dépéri. Ce n'est là qu'un coup de pinceau de notre bourgade, mais puisse-t-il faire revivre pour ceux qui y sont nés, l'amour d'une terre natale. Par delà la Méditerranée, une chaleureuse et cordiale poignée de mains à toute cette grande famille: Cantau, Chevalier, Ermosilla, Montoya, Duranseau, Ortéga, Veillon, Ojéda, Pujalte, Canales, Garrigues, Maldonado, Lopez, Marin, Baylé, Birbacher, Dominguez, Capelle, Plaza, Donia, Douvier, Salva, ainsi que mes amis Portuguez Raymond de Oued Taria et Omer Serres de Palikao (Mascara). Amicalement. Cette lettre n'est pas anonyme mais pour la sécurité de l'auteur nous tairons son identité. |
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