à ma grand-mère,


Toujours dans ce fauteuil, auprès de la fenêtre
Tu somnolais, ainsi, tous les après-midi
Pour oublier les peines de tant d'années peut-être
Et requinquer, pour nous, tes forces affaiblies.
Impatiente, je guettais la fin de ton sommeil
Même si tu me disais : "C'est la douceur du miel !"
Il me privait de toi et de ton cher sourire.
J'épiais le moindre geste te ramenant vers moi
Alors, tu racontais des histoires d'autrefois
Aux couleurs légendaires des mille et une nuits
Tournant toutes les pages d'un livre sans les lire...
Et moi, dans mon Alsace, j'étais en Algérie !
Tu arrêtais l'élan de ton crochet parfois
C'était uniquement pour caresser ma tête.
Déjà, je ressentais en l'âme de fillette
Un coeur de dentelle naître en moi, sous tes doigts...


Poème de Huguette Bleyer


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