Trente ans après
Image trente ans après

L'hippodrome de Vincennes, ces 13 et 14 juin, avait les accents chantants d'Alger, d'Oran ou Constantine mais la présence de Saïda n'avait pas été prévue à cause des trop nombreuses manifestations de notre amicale. Habitant tout près de Vincennes, n'ayant que la Marne à franchir, je m'étais fait l'ambassadeur de notre ville en espérant retrouver quelques amis dans le flot des 80.000 participants.
Je dois avouer que ma quête de Saïdèens fut vaine pendant ces deux jours, apercevant quelques fois un visage ami dans une foule trop vite refermée. La seule trace matérielle de notre ville fut la pancarte marquée "Saïda" au pique-nique des retrouvailles, pancarte que je ne découvris que quand la fête fut finie...

Deux jours pour se rappeler... trente ans après l'exil; 1962, année terrible qui a vu des colonnes de familles, baluchon sur l'épaule ou valise à la main, jetées sur les cotes françaises par la tourmente algérienne. Perdues, désemparées, arrachées à cette Algérie tellement proche et déjà si lointaine. Mais également, deux journées de retrouvailles, de fête et de commémoration d'une communauté soudée qui veut rendre hommage à ces pionniers européens qui, auprès des populations musulmanes et israélites, avaient su unir leur destin et faire entrer l'Algérie dans la modernité.

L'absence de Saïdèens ne nous empêcha pas, mon épouse et moi, d'assister à de nombreuses expositions ou conférences sur Albert Camus, les Harkis, les peintres de la villa Abd-el-Tif et de l'École d'Alger, le Forum du livre où Marie Elbe nous dédicaça son ouvrage "A l'heure de notre mort", magnifique et cruel témoignage sur notre départ d'Algérie. Nous avons vibré devant la "Fantasia", superbe et anachronique spectacle dans un endroit réservé habituellement aux courses de trot que j'aime particulièrement. Tout au long de ces deux journées, nous avons visité le "Souk aux souvenirs" et de façon répétée le "Palais de la gastronomie" en attendant le gala de soirée et le magnifique show-laser de Jean-Christian Michel. C'est en quittant l'hippodrome, le dimanche soir, après le spectacle de notre ami Jean-Paul Gavino, que nous avons vu, pour la première fois, la pancarte Saïda...


Texte de Hubert Méréa


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